- appétition
-
⇒APPÉTITION, subst. fém.A.— PHYSIOL. Désir et besoin de prendre des aliments. Synon. appétit.Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e-Lar. 20e.B.— PHILOSOPHIE1. Action de désirer vivement, d'éprouver un appétit (au fig.) pour quelque chose; le fait d'être mis en appétit :• 1. Nul n'avait jamais ignoré le rôle de la connaissance dans l'acte libre et saint Augustin a écrit des pages célèbres sur le caractère mystérieux de ce pressentiment obscur qui guide toujours la volonté vers son objet. D'elle-même, et prise en tant que simple appétition, elle est aveugle, ou plutôt elle n'existe pas, car elle ne mérite même plus le nom de volonté.GILSON, L'Esprit de la philos. médiév., t. 2, 1932, p. 106.2. ,,Chez Leibniz « action du principe interne » (dans la monade) « qui fait le changement ou le passage d'une perception à une autre ».`` (LAL. 1968, p. 71) :• 2. Appétition. Ce terme est fréquemment employé par Leibniz, il prétendait que tous les êtres qui composent la nature, toutes les monades sans exception, sont doués de deux qualités essentielles :1° la représentation, qui est la forme la plus humble de la sensibilité et de l'intelligence;2° l'appétition, qui est une tendance à l'action et la première ébauche de la volonté.FRANCK 1875.C.— PSYCHOL. Loi d'appétition. Loi ,,formulant le rôle de l'affectivité comme stimulant constant et nécessaire de tout développement psychologique.`` (GARNIER-DEL. 1958).♦ Appétition-aversion. ,,Couple de réactions affectives primaires en relation avec les affects élémentaires.`` (PIÉRON 1963) :• 3. La crainte au contraire n'est pas portée par le corps de la même façon que le désir; il n'y a pas de besoin négatif qui donne à la répulsion la densité organique de l'appétition; c'est l'imagination, — imagination il est vrai elle-même charnelle par sa matière, — qui porte tout le poids de la crainte; ...RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 105.♦ Appétition sociale. Désirs qui naissent de la vie en société :• 4. Insectes sociaux. Les sociétés supérieures chez les insectes, abeilles, fourmis, guêpes et termites, fortement différenciées et organisées, présentent le maximum de complexité des relations sociales. L'interattraction même entre individus de castes différentes, l'appétition sociale, montrent un maximum de développement et un caractère obligatoire.Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 695.PRONONC. :[
]. Gémination facultative de [p] ds BARBEAU-RODHE 1930 (cf. de même FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 318; cf. s.v. appendice la rem. de MART. Comment prononce 1913).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1550 « action de désirer ardemment qqc. » (H. FIERABRAS, Méth. chir., liv. 2 ds QUEM. : En homme fort et magnanime [...], le cueur appete et ayme sa vie, mais la volonté a estably batailler pour le païs, et ne cesser pour crainte de la mort. Voila deux appetitions, l'une du cueur, l'autre de la volonté), ,,n'est guère en usage`` d'apr. Trév. 1771; terme de philos. au XIXe s., supra; 2. 1845 physiol. (BESCH.).Empr. au lat. appetitio « action de rechercher » (CICÉRON, Div., 1, 46 ds TLL s.v., 280, 41); terme philos. (ID., Fin., 3, 23, ibid., 280, 73).STAT. — Fréq. abs. littér. :10.BBG. — DAM.-PICH. Gloss. 1949. — FRANCK 1875. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — GOBLOT 1920. — LAL. 1968. — Méd. Biol. t. 1 1970. — Mots rares 1965. — PIÉRON 1963. — SÉGUY 1967.appétition [apetisjɔ̃] n. f.ÉTYM. 1537, cit. 1; de appétit.❖1 Vieilli. Besoins, désirs naturels, et, spécialt, besoin de se nourrir. ⇒ Appétit, 1.1 (…) le dis seigneur Gaspard que si elles (les femmes) sont ainsi que vous le dictes plus vives à leur appetition que les hommes (…) elles sont de autant plus dignes de louenges que leur sexe est plus foible et moins fort pour resister aux appetiz naturelz.2 Tant pis : cette grande appétition du froid et de l'humide est une indication de la chaleur et sécheresse qui est dedans. Dormez-vous fort ?Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 8.2 Philos., spécialt (chez Leibniz). Action du principe interne qui fait le passage d'une perception à une autre. || Degrés d'appétition de la monade.3 L'action du principe interne qui fait le changement ou le passage d'une perception à une autre peut être appelée « appétition »; il est vrai que l'appétit ne saurait toujours parvenir entièrement à toute la perception où il tend, mais il en obtient toujours quelque chose et parvient à des perceptions nouvelles.Leibniz, Monadologie, § 15, cité par P. Ricœur, Une interprétation philosophique de Freud, in la Nef, no 31, p. 119.3 Psychol., psychan. || Appétition-aversion (anglais like-dislike) : couple de réactions affectives primaires en relation avec les affects élémentaires.♦ Loi d'appétition, qui formule le rôle de l'affectivité en tant que stimulant de l'activité psychologique.
Encyclopédie Universelle. 2012.